lundi 19 août 2024

On Dirait Des Hommes, Fabrice Tassel



Ce livre, découvert par une critique d'une lectrice que je n'apprécie guère tant je la trouve imbue d'elle même et affligeante de vouloir snober autant qui que ce soit pour prôner liberté et caractère bien trempé (totalement fictif puisque quand on est pas authentique, même juste de temps en temps, quelque chose coince littéralement dans l'image que l'on veut soumettre de soi aux autres), mais que je lis parfois tout de même pour les livres que je suis sûre de ne pas lire, par amusement et curiosité, m'avait semblé vraiment très, très, très bien. Je cédai. Car il faut parfois revenir sur ses propres sensations et s'ouvrir aussi à certains modes de fonctionnements mécaniques qui cachent souvent d'autres paysages personnels. 


Peu s'en fallu que je ne tombe la tête dans le plat à contrario de toutes les critiques que je viens de lire. En contre, j'aime beaucoup l'auteur, qui m'intéressera quoiqu'il en soit pour ses autres écrits. 


Autant d'accroches dans ce livre, d'intérêts de réflexions que je puisse rejoindre, pourtant :


SPOIL : [j'ai bien peur de n'être pas tout à fait convaincue. Il est vrai qu'il y ait une accroche sur la psychologie des persos. Ok. Malheureusement pour moi, l'intrigue ne tient pas la route car en tant que mère, je n'aurais en aucun cas pu partir dans les limbes d'une irrévocable souffrance en faisant abstraction du réel, en mettant de côté les évidences en action, en ne juxtaposant et ne confrontant aucunement les dires du père à la réalité des faits, (depuis quand je laisserais partir un marmot dans le mauvais temps qui plus est dans un endroit dangereux parce que quelqu'un d'autre s'en fout ?, et dans la tempête à venir ?, depuis quand je déléguerais à l'enquête la mort de mon propre enfant ? Ne parlons pas de mes propres suspicions naturelles. Me limiter au seul témoignage du père, que je trouverais bravissime d'avoir sauté dans l'eau, et que je croirais juste parce que j'aime bien sa main sur ma nuque : NEIN. 


En plus, je ne vois pas comment j'aurais pu une seconde passer outre le fait que les vêtements en question n'aient pas été mouillés et salés par l'eau de mer ? Je les aurais probablement inspectés et remis d'office comme pièce à conviction, que je soit convaincue ou non de la responsabilité de qui que ce soit.


Autant pour la Madame du Palais de justice qui a donc fait tout de même l'École de la magistrature pour devenir juge d'instruction mais en papier c'est bien clair, car qui sur une enquête telle que celle-ci n'aurait pas et en premier lieu le ou la juge d'instruction, fait mettre sous scellés les vêtements du père, mis à part quelqu'un d'abruti par des médicaments, une dépression, ou un zéro formalisme qui touche aux modes de preuve au pénal ? Bon on y était pas encore mais au moins, l'idée de la preuve par présomption judiciaire ? Je ne sais pas. Rien ne m'allait. Ce rien de professionnel m'effraie.


Dès les premières pages, l'improbabilité (et l'on sait que la réalité sait nous montrer pourtant que tous ce qui est impossible a priori peut exister), l'improbabilité donc de se retourner pour chercher un portefeuille tombé derrière soi en laissant un gosse marcher dans la tempête sans lui tenir la main au bord d'une mer furieusement déchainée est complètement con. (un jugement peut-être erroné car n'importe qui qui a pu avoir sous garde un enfant, le sien ou non, sait que tout peut vriller en un quart de seconde juste parce que la vie est ainsi faite).


Ok, on voit constamment des gens, parents ou pas agir ainsi. Mais ainsi, on ne peut croire une seconde à la version du père en questions. Alors oui, il y a tous les ingrédients y compris peut-être cinématographique pour faire un très bon téléfilm, mais sans être de la partie, peut être parce que j'ai mangé des policiers à outrance depuis mes plus tendres années, je suis sévère, très sévère dans mes jugements sur les textes. Pourtant je serais tout aussi capable de produire quelque chose de pas terrible. Je m'en vois bien capable autant que n'importe qui.


Je crois encore que l'éditer à ce stade, c'est la perte réelle d'un roman qui quelque peu retravaillé encore, aurait pu être vraiment très bon. 


Je comprends qu'on puisse avoir envie d'éditer un livre qui tient facilement dans les mains, la maison d'édition est agréable, certes, mais pourtant, le nom de la maison d'édition, "La manufacture des livres" invite à se projeter bien violemment sur la qualité attendue. Pari réussi pour l'objet livre, soyons sympa ! ] 


Donc, pour finir, oui, ce n'est pas une lecture désagréable. Non, je n'adhère pas au format final qui méritait plus de discipline (même si je comprends très bien qu'on puisse avoir envie de lâcher l'écriture d'un livre à un stade donné. Cela reste tout à fait prometteur pour les écrits de l'auteur à venir, ou peut-être passés, je ne sais pas. 


Il s'agit ici de violence contenue, pour un de ces hommes tandis que l'autre laisse sa violence émerger sans complexe. Sont-ce des hommes ? Évidement ! 


Cela nous invite aussi à réfléchir sur la notion de la masculinité, et de la réalité que vivent les hommes par rapport à la réussite, et aux constructions mentales autour de ce qu'est "être un homme", de ce que sont les hommes, et de ce qui fait un couple, un lien, un amour, une rencontre, et tutti quanti. Un brin déçue, si on peut dire, j'attendais mais c'est de ma faute, beaucoup beaucoup mieux : alors que je me laisse rarement séduire par les propos de qui que ce soit autour d'un livre, même si j'écoute de plus en plus ce qui peut m'en être transmis contrairement à une façon de faire encore assez récente, il est vrai que pour moi lire une critique avant d'avoir lu un livre, si je veux le lire est quasiment toujours un pari perdu. Sauf exceptions (que voulez-vous, il est parfois temps de fonctionner quelque peu différemment juste pour avoir un vent de fraîcheur. Et je m'en félicite, car j'ai pu rencontrer des auteurs inconnus qui m'ont bien emballée par leurs écrits.


En réalité, je rêve de lire quelque chose qui supporte la réalité du Droit avec finesses et subtilités ou dans une histoire ficelée comme dans un bon boucquain génialissime ou alors même sur une enquête merveilleuse autant pour l'écrit que pour l'histoire. Je n'ai pas encore trouvé chaussures, et vous-mêmes ?

L'Assassin Eighteen, John Brownlow

Une folle embardée entre polar et espionnage, un scénario très maîtrisé à la va j't'en fous quand-même (pour le cinéma : la vie, la mort, la folie, le pouvoir, la politique sur une narration qui exerce très bien ses fonctions addictives pour peu qu'on se laisse prendre par la magie du grandiose surréaliste haletant. Pas besoin de pop-corn ça pète de partout et en tout sens : une exagération voulue plutôt distrayante pour un perso hyperbolique, dans un roman assez noir à références politiques sombres comme qui dirait. L'auteur s'est amusé comme un petit fou.

L'avortement : Une histoire romanesque en 1966, Richard Brautigan

 Je suis dans un état proche de l'Ohio. Autrement dit, décalquée. Un rêve dans un rêve habite mon coeur. Brautigan dors avec moi et comme d'habitude, je sors de mon corps quand je plonge dans ses mots, de bonheur, je pleure, de joie, je ris pour ses tournures de l'absolu qui te font visiter la grâce du ciel et redescendre encore, c'est que l'émotion te tourneboule comme par un tour de manège dans une machine à laver du vent, et...jamais tu n'es plus toi-même après que Brau t'ai ensorcelé comme un géant viking saupoudré d'humour au goût du vent Chinook.


L'Art de Ramper à l'Usage des Courtisans, Baron D'Holbach

Un petit essai des plus succulents, acerbe à souhait tant il est tout de dentelles vêtu dans les finesses délivrées d'une dissection mentale des courtisans sans aucune concession. Une petite lecture aussi bonne à l'époque de sa rédaction qu'aujourd'hui dont le titre "essai sur l'art de ramper à l'usage des courtisans" est déjà une réussite en lui-même.

Cet essai fait toujours figure de modernité contemporaine et à mon avis, il est bien plus drolatique que Les caractères de Jean de la Bruyère. Évidement, ils ne sont pas de même obédience, loin s'en faut.

Je ne suis pas tellement férue de littérature classique mais nous avons là une diatribe issue de l'époque de l'auteur, ornementée de gausseries autour de l'arrivisme et de du souffle de hypocrisie inhérent à tout courtisans face aux organes de pouvoirs qui me semble hautement d'actualité. On peut retrouver le principe à tout les étages de toute organisation. L'art de ramper, c'est tout un programme. 

Attention, il reste plus marrant de s'amuser de l'orchestration de la médisance et de rire goulûment de la dépréciation d'autrui quand on attaque une posture sociétale au travers d'une oeuvre littéraire que d'en faire oeuvre avec virulence dans la réalité des relations. Ne pas hésiter à ne pas s'exclure d'être aussi nul que qui que ce soit d'autre.

J'ai une préférence pour l'édition rivages poche / petite bibliothèque, je crois qu'elle est aujourd'hui introuvable mais probablement que j'achèterais n'importe laquelle des autres si je tombe dessus : du moins si la présentation du texte vaut le coup. 

Vous craquez d'emblée pour l'envie de vous ruer sur ce texte comme un marteau sur une enclume ?

Je vous ai compris !

Direction Gallica, ou donc vous le trouverez en accès libre : of course.


L'Autre Rive de la Mer, António Lobo Antunes





1961, Révolte dans la baixa do Cassanje des travailleurs noirs contre la Cotonang 'l'une des premières étapes de la lutte pour l'indépendance de L'Angola, violemment réprimée par le pouvoir colonial portugais qui envoie son armée et l'aviation pour y mettre fin.'
Ça décape à mort, pour une prose inénarrable, fantastique, merveilleuse par son appréhension des unes et des uns, de sieur Antonio Lobo Antunes.
Bienvenue en enfer.

Sidérations, Richard Powers

 J'ai l'impression de devenir dingue à force de ne pas dormir. Pour un peu, j'aurais envie d'aller marcher dehors écouter le chant des oiseaux dans la pénombre fraîche.

Heureusement, Richard Powers me soutient merveilleusement avec Sidérations :-)
C'est un bouquin magnifiquent empreint de poétique sous toutes ses formes, un des bouquins les plus chouettes que je n'ai lu depuis longtemps, subtil, fin, enveloppant comme un manteau transparent d'ailes de papillons réconfortantes sous une pluie de météorites, désoeuvrant les feuilles mentales avec une délicatesse toute de blancheur vêtue sous le printemps émergeant

L'Illusion du mal, Piergiorgio Pulixi



" Une idée pris forme dans sa tête : une des règles de base du storytelling était qu'à tout monstre devait correspondre un héros, encore mieux si celui-ci avait des points communs avec son ennemi. Et Strega n'en manquait pas, loin de là"
Piergiorgio Pulixi, dans L'illusion du mal. Chez Gallemeister

Vito Strega est un criminologue (Strega veut dire sorcière en Italien) qui questionne les manquements judiciaires et humains, avec ses collègues Eva Croce (Croce appelle à penser à “l'accroche, être accroché, ou crochet » (en français) » tandis qu'en Italien, cela signifie croix. 
Eva Croce, ancienne élève dite brillante par Vito Strega, a perdu une petite fille et s'en remet comme on ne peut pas : déversées toutes deux, avec l'autre enquêtrice Mara Rais (une figure féminine post-punk habillée en Docks Martens et maquillée comme une voiture, à la punk, est-ce à dire que ces éléments vestimentaires qui déchirent ledit bon goût d'Eva Croce, composants intrinsèques d'un caractère et quelques jurons, un peu rentre dedans (à la bulldozer, quoi), ceci contrastants encore, avec sa mission d'enquêtrice qui lève comme de la pâte à pain, elle aussi est particulièrement douée, (elles ont résolu leur première enquête dans « l'île des âmes »), elle lève donc, comme de la pâte à pain à Cagliari, la capitale de la Sardaigne, au département du placard soit les crimes non élucidés. Et cela va devenir un formidable pied de nez à la magistrature qui les a enfermées là ou l'on pensait qu'elles s'éteindraient dans un département sans avenir (eh non !). Vous savez bien que certaines femmes ont des ressources de folie. 
Ces deux figures féminines font corps à 3 où peut-être à 4, la chatte de Vito Strega faisant partie intégrante de ses comparses féminines, à peu près toutes en émoi sexuel ou professionnel devant tant de grandeur (presque 2 mètres 😜). = presque quelques chapitres après avoir écrit ceci, dans le texte même de Pulixi, se trouvait écrit exactement la même chose. Je jure que je n'ai pas repomper cela. Suite ?
Sans blague, le personnage de Vito Strega est bien intéressant. Il nous livre ses intérêts pour la chasse à l'homme, ce imprégné de ses propres fantômes qui le malaxent au corps.
Il me semble se confondre quelque peu avec l'auteur (qui semble grand lui aussi), et probablement comme pour n'importe qui d'un peu connu trouve-il pléthores adeptes prêtes où prêts à tout pour tout contact charnel et autres entretiens. (Si vous avez déjà tenu un bar vous savez de quoi je parle).
L'île des âmes était un roman que j'ai trouvé très réussi et surtout, le travail de Pulixi m'intéresse beaucoup. J'aime ses chapitres qui sont comme autant d'uppercuts.
Pour l'instant, je n'ai lu que 152 pages sur presque 600. 
Dans l'île des âmes, déjà, je m'étais demandé s'il, si l'auteur n'avait pas de quelques façons que ce soit, des liens manifestes avec la mafia, en tant que descendant par exemple un peu comme cet auteur norvégien, Jo Nesbo, qui réconcilie son paternel nazi (criminel ou pas ?) et sa mère résistante en écrivant des polars (il tue par procuration de ses personnages du coup, une façon d'intégrer bien et mal avec nuances et sans passer à l'acte) = son père anticommuniste s'était aussi “battu sur le front russe”.
Mais je ne sais, juste une intuition latente. 
Je pense d'emblée que ce titre ne sera pas à la hauteur du plaisir que j'ai pris au récit des descriptifs de la Sardaigne dans « L'île des âmes » une si belle surprise. Mais attention, il est, jusqu'ici, tout à fait estimable. 
Car ce titre, ( aparté : qui me rappelle inconséquement mon statut de mortelle littéralement coincée dans une vie que j'aimerais toute différente pour un tas de raisons aussi déprimantes que révoltantes : mais dusse-on se révolter contre soi-même qu'il ne faille trouver par où s'échapper si on convient de laisser de côté les responsabilités déversées sur autrui pour se soulever soi-même par le colbac et tenter l'auto-insurrection : être digne de se trouver responsable à 100% de tout, c'est ma seule option) :
Dans lequel, en effet, nous trouvons là, pour les 3 titres lus (avec le chant des innocents), matière à apprécier les finesses de l'auteur, le parler comme qui dirait, les références aux dialectes, ah oui c'est ce que dit le traducteur, Anatole Pons-Reumaux : « plusieurs parlers régionaux interviennent dans l'illusion du mal, caractérisant les différents personnages et leurs origines : la sarde, le sicilien et le vénitien. Il s'agit d'insultes compréhensibles pour le lecteur italien, que nous avons choisi de traduire pour le lecteur français ». (: je suppute de très bonnes traductions).
Petite digression : le traducteur « a appris l'italien en Irlande, l'anglais à Berlin et le suédois en France avant de s'installer aux Pays-Bas, où il songe parfois à se remettre à l'allemand. » :-) il a également traduit le chant des innocents. Pourquoi ne figure-il pas sur la première de couverture : dommage. J'ai déjà dit à quel point j'aime les éditions Gallmeister, autant les livres brochés que ceux en poche avec une nette préférence pour les poches et non pas pour le prix mais pour la qualité éditoriale du texte et une grande qualité d'impression également.
Bon, on peut dire ici, que le méchant est terrible, et que même si l'on ne peut échapper dans les romans policiers, polars et autres littératures policières, que les immersions dans les actes de torture sont tout à fait vomitives, sous prétexte (pour le méchant et au niveau de lecture ou j'en suis), sous prétexte donc, de justice et de vengeance. (Toujours les résurgences de Millenium pour lectures).

Mon intuition se fend désormais d'une quasi certitude qui soit que les méandres dudit bouquin soient probablement en lien avec des meurtres commis sur la lignée familiale de l'auteur. 
Pourquoi, je pense cela ? Parce que j'ai l'impression que nos goûts se meuvent au travers de moultes tentatives de résolutions des névroses. Mais on s'en fout peut-être (OSEF !). Mais en fait, rien ne le prouve. Et finalement, cela ne nous regarde pas. Évidement pas besoin de cela pour écrire des choses difficiles et évoquer un contexte politique et historique par le biais d'un polar.
On a là une étude du monstre, de la monstruosité humaine que chacun nous pouvons porter quel que soit le côté de la barrière entre êtres humains dignes de Paradis ou D'Enfer. Je pense que ferais sans doute une deuxième partie. Car, je ne peut vous délivrer une réelle vision d'ensemble sur 150 pages. Il s'agit aussi ici du sujet du viol, et également comme le dit l'auteur par le biais d'un des personnages :
« En ITALIE, le meurtre vends plus que le cul ».
Je ne peux que vous inviter à découvrir ou lire cet auteur en ce qui me concerne je lirais toutes ses productions, cela va de soi :

En bref, si vous lisez ce titre, une dimension peut-être plus politique, viendra vous fracasser les gencives.

Wayward Pines, tome 1 : Révélation, Blake Crouch



Bon, alors, ne pas compter sur moi pour un résumé. Évidemment l'accroche 'Si vous avez aimé Twins Peaks, vous allez adorer' est un tant soit peu fastoche; ça prendra plus de sens avec la postface de l'auteur mais c'est le genre de truc qui me fait fuir ventre à terre : en temps normal mais là j'y ai échappé. Ce serait toutefois certainement plus pertinent pour ce titre que pour celui de 'Douve. (Attention j'aime tout de même Victor Guilbert.
J'ai lu le titre assez rapidement; je dois avouer (je m'rend ! :
que je me suis un peu essoufflée autour de 100, allez 150 pages. 
Une petite langueur monotone m'est tombée dessus, le décollage étant quelque peu frein avant-arrière sans emmener assez loin vite et bien. La curiosité a fait le reste, ainsi que l'édition poche totem Gallmeister dont je suis fan. Alors je m'attendais plus à un polar enchevêtré d'espionnage : loupé. C'est un mélange de genres, pourquoi non ? Oui, faut voir avec les autres tomes, encore 2 autres à lire (ou pas ? Je ne sais pas si je suis complètement partante. J'adhère pas aux engouements dithyrambiques vus de ci de là (peut-être suis-je trop sévère ? J'ai bien aimé l'écriture, c'est bien tourné, l'auteur à l'air vraiment sympa en plus et j'ai passé un bon moment, la construction du récit fonctionne bien, et on voyage avec un brin de folie (pour tout dire sans rien livrer l'auteur manie très bien la barre à mine, c'est un peu rock'n'roll, mais comme disait je sais plus qui, you are rock but you don't roll : moi, non plus je n'ai pas décollé, mais c'est pas mal et qui sait peut-être que je planerais vraiment après lecture des 2 autres volumes...Pour finir, je suis en train de terminer l'Homme-Miroir de Lars Kepler, écrit par un couple à 4 mains (Alexander et Alexandra^^ j'avoue encore que je ne suis pas du tout emballée par les écrits à 4 mains, ça donne trop l'impression que l'un et l'autre se cachent l'un pour l'autre (sauf exception comme Caryl Ferey et Tim Willocks), je ne sais pas encore quoi en penser mais je crois que je n'aime pas trop. C'est vrai que même si ça ne doit pas être le meilleur, j'ai lu tout aussi rapidement un Peter May, dont l'écriture m'a beaucoup plus plu. (Il n'est plus l'heure de parler de la théorie des cordes cependant avec ce titre, on voyage dans le temps

Le Collectionneur de Serpent, Jurica Pavičić

 Le collectionneur de serpent, première nouvelle sur cinq proposée dans ce petit recueil sorti chez Agullo, traduit du croate par Olivier Lannuzel.

Le format du livre est parfait, et la lecture, autant par la police de caractère que la densité de l'encre charment tous mes sens.
Pour l'instant, à la seule lecture de cette première nouvelle de 40 pages, je peux dire que JURICA PAVIČIĆ est fondamentalement talentueux :
Il excelle à planter le décor en un rien de temps, avec force et profondeur, la saisie des enjeux rapportés mêle les étoiles dans les yeux à la lecture ce récit si subtil, et la stupeur abandonnique nous prend, au devant de faits de guerre qui envoutent par leur authenticité. Enfin ! Une nouvelle pointure !

La Piste du Vieil Homme, Antonin Varenne

 Un très court et bon roman noir pour un style assez direct, un humour peut-être pas fantasque mais qui provoque un rire soudain, on est pris au dépourvu, c'est bien ce que je préfère.

Le #boucquain fixe sans filigrane les questionnements sur la compréhension et les relations entre père et enfants, avec un père qui se voit clairement bien embourbé dans certains choix du passé, ne pas être suffisamment présent peut-être, et pas seulement, mais à découvrir.
Le présent du vieil homme est devenu le mien, concrètement portée par le récit sans pouvoir le lâcher, tout cela couplé aux problématiques de Madagascar, parfois encore plus sombres que ce qui en est présenté, pour ce que j'en sais.
On traverse en un éclair, ce cheminement ou plutôt cette piste du vieil homme, non pas heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage mais mieux encore, plutôt avec la préhension fine de ses impressions, l'importance de ses sentiments, la visibilité sur ses galères, sa compréhension de l'Île, ses tactiques, sa vie, tout cela humé au travers les divergences entre Vazahas et Malgaches, ce mixage entre Afrique et Asie imprégné de colonialisme : et le récit fonctionne parfaitement sur le mode du court. Presque comme un conte semi-cruel.
Tout cela en n'oubliant pas de nous faire ressentir que #Madagascar est un lieu à risques, pour les cyclones et tempêtes, sécheresses, et pluies torrentielles, mais encore cette criminalité endémique en expansion, une précarité folle, un accès aux soins et à l'éducation des plus désaccordés.
L'auteur aborde par exemple la question des vols de zébus par bandes organisées, mais pas celle du vol d'organes par exemple pour alimenter des pratiques rituelles, ou les prélèvements sur la faune, cependant, le roman revêt une grande force, et si l'on sait que la force réside dans le minimum, c'est un pari gagné pour moi, l'auteur nous entraine visiblement dans ses voyages, qui plus est, il a l'air vraiment sympa et j'ai grave kiffé son sens de l'humour, et encore même si je ne suis pas fan des beaux mecs, il a une belle gueule et un regard, en quelques mots, même si je n'ai lu que ce titre : c'est un bon poigre.

lundi 7 novembre 2022

COUP DE FUSIL, BANG BANG, Chapter 9

Short. Kaja se retortillait la soirée dans tout les sens, qu'y avait-il qu'elle n'aurait pas vu ? 

Elle n'était pas dans la panne d'initiative* mais coincée en quelque sorte sur ce putain de revival. Reprenons, se disait-elle en avalant d'un trait la dernière vodka, devant l'zig à la naze qui la broutait du regard. Tout feu tout flamme, elle hissa le journal devant son visage pour lui rompre la vue plutôt que le cou, main tendue vers le ciel et là, revisiter le passé, la journée de la disparition.

Tandis qu'elle essayait de se rappeler de quoi était faite cette putain de journée, elle se rappela pourquoi, pourquoi elle s'était plus ou moins mise à chercher les coupables. 

C'était l'époque ou elle avait lu LesterLester Bang. BANG BANG. Pour se sortir du trou rien ne valait mieux que de la littérature qui t"éclate à la gueule, après avoir dévoré l'intégralité du Seigneur des Anneaux, Lester passait full divin. Bon. Charles avait baisé avec sa première pote de ouf, elle était restée 3 mois sans sortir et lui avait plus causé pendant 3 ans. C'est vrai que Charles se débraillait rapide dès qu'il y avait un coup à tirer. Sa mère l'avait fourgué aux grands-parents à 3 ans, et ça lui avait tapé sur le système. Elle le visitait tout les 5 ans, à moitié à poil faisant le sac au bras d'un nouveau mâle à chaque fois, et elle ne pannait que dalle, elle aussi toujours foncédé. En même temps que veux-tu que devienne un comme moi que sa mère à voulu balancer par la fenêtre disait-il à tue-tête pour se dédouaner ? On a qu'une vie. Qu'il noyait ticket for stone and more. Destroy wombat de 40 kg tout mouillé, jean perf, clop ou, au bec, taf, blam, tchac, guitare, speed crok* crak boum, tout y passait filles comprises. Sinon, il était plutôt cool. 

 Il y avait eu un comptoir entre Charonne et Ober, à l'époque et pas que. La souris se faufilait par tout les trous, et t'collait des flûtes en tout genres. Elle coupait avec  smecta ou de la farine et d'un ton caillasse, arguait : tu comprends, ça leur fait pas de mal mais vraiment pas de mal du tout. Le pote charmant avec lequel écouter de la bonne musique à n'importe quelle heure avec lequel elle vivait dans une piaule ouverte à tout les vents, 3m2, matelas au sol, mini tablette pour poser clopes, clés et le reste, avait reconverti son appart' en comptoir à camelote de de clébards. Il se refaisait sur la bande à foncédés, et puis à l'occase, il goûtait, pâ pâ pâ. Bon. Il y avait eu un blème. Ils s'étaient fait un plan à quelques-uns et ...Mario avait plané dans le cosmos et n'en était pas revenu. Il avait fallu aller chez les fliquos, et bizarrement, l'un d'entre-eux l'avait eu à la bonne, il l'avait auditionné, confronté, démasquée, et puis donc, lui avait remonté les bretelles jusqu'à ce qu'on ne voit plus sa tête. Lui avait foutu la honte de sa vie, enfin, bref. Ils avaient eu chaud. Elle s'était répété mais pourquoi pourquoi on avait tous pris la même chose dans l'incapacité d'accepter qu'elle allait sur la ligne de fuite la plus ultime, danser avec la mort. Il n'aurait pas du mourir.

Cela l'avait désenchantée, mais elle avait eu plus de mal a arrêter qu'à commencer. L'époque ou elle volait les paquet de lait dans les fridge des parents parce que rien à graille. Celle de l'enchainement des causes. La rue, c'est pas la même pour tous. Pour essayer de se refaire, elle avait accepté l'invitation de Didi. Didi avait cramé sa première paye avec les potes, tous au restau, asiat' of course. 20 insoumis de 14 piges des rues autour de la table, à grailler du bon temps, avant de partir en concert, Lucrate lucarne roya électrik. Après, elle avait fuit. Cavale du diable. Ne pas se retourner, ne croiser personne de l'avant, ne plus prendre de nouvelles, faire une cérémonie au peyotl pour se réconcilier avec les esprits, et changer de route, perdre l'histoire personnelle, autant que possible, merde. 

 J'arrive pas à accrocher.

I love you fuck off. 



*Projection sur l'avenir, Ulrich Beck, la société du risque, Flamme

* Croquis

*accrocher, trouver les preuves


Enjamber la flaque où se reflète l'enfer, Souad Labize

Il est ce tout petit livre d'un titre hautement pertinent autant que poétique. Il est fulgurant et je dirais presque magistral, tellemen...