Gallimard, hein. 256 pages en cheup. Lu, in one go. Alors, c'est seulement le deuxième Mc Cash que je rencontre, le premier c'était à l'intérieur de Plus jamais seul, (pas mal du tout).
C'est le seul bon moment de la soirée que j'ai eu.
Que dire en spoliant ?
Qui ne se souvient de Bloody Sunday ?
Le premier quart engante, ti amo, alors bien sûr de Clash à Mc Cash manque un L, et il n'a plus que du cash à balancer. C'est un fan absolutiste, même moi, qui n'ai pas succombé aux Clash avant 17 ans, si je ne suis fétichiste, je ne peux qu'admettre que leur son me retourne toujours les boyaux et me donnent envie de danser, chanter, hurler et retrouver une énergie de dingue, celle qui nous habitaient, à l'époque. (j'ai dit que je n'avais jamais été fan, c'est vrai que j'étais beaucoup absorbée par Joy Division, mais en fait, j'ai beaucoup, beaucoup écouté les clashs, certains albums, certains morceaux, à en devenir dingue et en boucle des jours et des jours qui se suivent, et pas tous (les morceaux). Et ça va avec des fêtes incroyables également.
Il y a un premier décryptage de la douleur. La carcasse portée par Mc Cash, un irlandais est emprunté à un poteau, soit dit. Il souffre. On pourrait, of course, parler du reflet de l'âme dans le corps, il est atteint, forcément traumatisé, et le vit à sa manière comme nous le faisons tous, toutes, sans doute. J'ai déjà travaillé sur la perte, dans le corps, en groupe, c'est hot, quand on ressent vraiment à l'intérieur de soi, une mutilation. Sans parler des douleurs fantômes.
J'voudrais pas taper dans l'analyse psychotruc. Mais le nettoyage de l'oeil au départ semble avoir un semblant de rapport avec ce qu'on voit du monde et ce qui se passe dans le notre intérieurement, le monde avec un grand M. Qui voit qui ?
On est sur l'idée de la petite enfance et des violences sur enfants, organisées. En moindre terme, car la construction est tout à fait différente, on pourrait penser à, bon non, je ne vais parler de ça ici. Si allez, je suis sympa : Stieg Larson, peut-être. On aimerait aussi qu'un écrivain de cette trempe s'intéresse à la douleur des bourreaux, une autre focale moins fouillée en général, à la mesure de ce que j'en connais donc, peut-être que, d'autres l'ont fait aussi ou déjà. M'enfin, on ne peut pas être sur tout les fronts.
L'auteur, alors on est dans un roman policier, mais il donne l'impression, de nous livrer autre chose que la construction d'un perso qui aime baiser à tort et à travers parce qu'il s'est séparé de sa femme, elle l'a quitté (n'oublions pas que quelqu'un qui quitte à déjà été quitté par le partenaire, et s'il part, c'est parce qu'il ne peut plus rester : duele, comme on dit en espagnol, ça fait mal) visiblement une déesse noire, Angélique. Même l'idée du Bloody, n'y suffit pas (c'est purement perso, je ne suis même pas sûre de ce que je dis. Il intrigue, n'est-ce pas ?
Le bouquin m'a surprise, je ne sais pas à quoi je m'attendais (je ne lis jamais quoi que ce soit en matière de critique - sauf pour un livre que je ne veux pas lire - je trouve qu'ils ou elles délivrent trop d'informations, moi je préfère les surprises, en tout points.
Mais il m'a surprise, j'ai bien aimé l'idée d'un personnage fan des clashs, et de le voir d'emblée dans le contexte non pas de l'oeil partagé de Mc Cash, mais de sa vision en tant qu'être total, quel que soit l'état de son corps, il semble vouloir nous montrer tout ce qui demeure invisible, la noirceur de l'humanité, comme Caryl Ferey,
Il y a des passages vraiment drôles quand Mc Cash interrogé répond à des questions sans y répondre, par exemple, quand il répond qu'il vit en union libre avec son chien, j'ai explosé de rire, je n'ai plus le bouquin sous les yeux, je ne peux pas mettre de citation, de toutes façons, il vaut mieux le découvrir dans le bouquin. Oui, on pourrait aussi avoir envie de lui coller des claques. Non pas au chien.
Alors, j'ai su trop vite ce qui se passait entre les perso qui baisent, c'était couru, l'intérêt, donc il l'a écrit en 2007, je crois ? L'intérêt pour les causes dites perdues est dingue chez lui, il les défend à coups de crosse, les réels croque-mitaines en prenne pour leur grade, au travers de Mc Cash qui fait éteignoir (à peine moins avec les meufs), et quand il craque, y s'mets schlasse à n'importe quelle heure. Pas question de laisser passer trop d'amour : ça fait mal à ce stade, pour que ça redescende dans le coeur, ça blessera, et rendra vulnérable, et on ne sait pas si on en ressortira entier car l'explosion met en 1000 morceaux, du coup pas simple de rattraper tout les petits bout pour se reconstituer, ça fait peur le tunnel noir, on ne sait jamais quand il s'arrêtera et, mettre un pied dedans veut dire qu'il faille du courage, on a nulle doute que le personnage l'ai, autant son clone IRL que celui qui est vivant dans le livre et inversement.
Au travers de cela, c'est l'enfance, ou plutôt celle de l'innocence baignée de rayons lumineux qui nous est amené sur un plateau, la question de l'aide à l'enfance, des enfants, ceux que l'on laisse dans des vies inhumaines, encadrés par des gens qui abusent d'eux, on parle de maltraitance sexuelle, entre autre, il a d'autres biais, on s'attend à ce que ça émerge dans ses autres écrits.
Pendant que certains vivent l'enfer, d'autres sont au paradis, ou bien protégés. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il veuille lever le voile, et nous met entre les pattes comme dans celle de son père une gosse, une enfant, l'espoir, en quelque sorte, avec tous les sentiments que le perso ne peut plus éprouver, tout comme l'auteur, ou peut être nous-même.
Tout ce qui est rapporté sur la douleur, je ne sais pas s'il le tire de ce qu'à pu vivre son ami, mais c'est profondément juste, c'est exactement ça, donc, quelques-uns connaissent ça, d'autres, tant mieux, non. Je n'aime pas particulièrement les scènes de castagne, ça reste souvent trop dans la tête, c'est donc avec compréhension que je suppose que l'auteur doive avoir besoin de prendre de la distance, pas avec ce qu'il écrit quoique, mais avec les personnages et situations, dans ses romans plus trashs. On pourrait, ici, s'incliner avec respect devant le destin des gens qui ont vécu l'horreur de la mutilation et de la perte, on sent que l'auteur est touché lui-même et que s'il s'en dépatouille très bien en public, bon, on voit bien que Caryl Ferey n'est pas juste un grand écrivain mais un enquêteur à la manière et l'art de Jack London, et of course c'est un peu con mais c'est un type que tu verrais bien comme le petit frère de Steinbeck. Pour autant, bah, il a pris le tunnel depuis pas mal de temps. Et le bandit masqué ? La dynamique doit servir à tous, donc idem.
Je n'ai plus de batterie. Fuck.
Quelques menus reproches en chantant, j'aime bien embêter un peu les gens que j'apprécie IRL ou pas, ce qu'il nomme La Bête, au départ, extraie d'une façon pointue ce qui se produit quand une douleur violente se situe dans la tête. Alors, les écrivains sont des menteurs, nous le savons, ou du moins ne pouvons pas savoir comment les choses ou les idées se construisent et à partir de quoi de réel ou d'imaginaire ils écrivent. C'est d'une justesse absolue : ou bien il a imaginé le truc, et ça n'empêche que ça puisse être écrit d'une façon fine, ou bien, le Mc Cash du réel est une inspiration directe, avec une expérience directe du phénomène : et l'homme et la bête. N'empêche, on commence à penser à l'homme au bandeau, qui devient plus ou moins sujet de fantasmes (alors qu'apparement, il n'a strictement pas besoin que des flopées de meufs lui tombent dans les bras), est-ce que le bandit masqué à le même coeur ? Est-ce que Caryl Ferey y déverse ses propres circonvolutions intimes ? Probablement un peu des deux, mais, on se demande encore qui est le type dégingandé, qui se balade dans des bars : est-ce que la (merde je m'égare, je pensais écrire autre chose) perte d'un oeil vient d'un accident, d'autre chose ? Est-ce que du coup, il y a vraiment cette réelle souffrance physique chez le vrai Mc Cash ? On ne lui arracherait pas le bandeau, question de respect, on laisse un homme se dénuder quand il veut et pas de force.
Et donc, on ne voudrait pas non plus le forcer à en parler. Peut-être à t-il accentué le trait pour un faire une sorte de pantin abimé par la vie, et pour servir les questions soulevées ou effleurées dans le texte. L'homme est désespéré et sa rage le soutien. Il n'essaie pas de mettre les formes, au point que même son enfant en subisse quelques violences : en effet, la violence d'une situation X chez les parents rejaillit sur les enfants, on le sait.
J'ai dérivé loin de ce que je voulais dire : cette description de "La Bête" (lisez le livre), est tellement bien dans les toutes premières pages, j'ai regretté que le même terme soit réutilisé sur d'autres passages, ça faisait perdre de la profondeur pour un détail stupide (enfin je veux dire pour une broutille que l'on ne voudrais même pas relever). J'ai regretté que les meurtrières utilisées pour décrire le personnage de l'A.S de Madagascar, humide mais fermée, soit ramenées aussi sur plusieurs paragraphes pour leurs rencontres. Ce personnage nous dit qu'elle se tape du concept que l'on pourrait voir comme macho, de la part de Mc Cash, qui la juge, vis à vis de ses ébats sexuels, alors qu'en fait, on sent le perso, un peu rude dans ses interactions, rentre-dedans pour être clair, observe plutôt une certaine réserve, (évidement on a envie d'aller fouiner dedans :D), et qu'on le voit ici comme quelque peu protecteur plutôt que juge. Si les femmes et les filles le titillent, ce n'est pas que sexuel, après tout le corps pour pouvoir s'en sortir, n'est pas une si mauvaise voie.
Qu'est-ce que je pourrais dire d'autre ?
Ne vous fiez pas à ce que je dis, ça ne veux peut-être rien dire pour vous, peut-être que vous auriez une autre lecture, d'autres émotions et un ressenti différent. Mais enfin, on aime voir les ébranlements de Mc Cash, perdu dans son histoire, saisir quand même le bord de la falaise pour remonter voir ce qui pourrait se tramer de mieux que dans les limbes de ses atermoiements émotionnels.
Ciao.