Car rien ne dure
Caryl Ferey
Al Capone et Kaja sortirent de concert de la maison. Dehors, le nombre de convives s'était réduit du tiers, malgré tout il restait encore quelques enfants qui tourbillonnaient autour d'arbustes épineux, une odeur de brûlé diffuse fit divaguer son esprit. Elle se demandait toujours en tremblant ou s'était volatilisée la fille, soupira, ouvrit la bouche, se fendit d'une légère grimace, puis décida d'aller dans la grange en espérant que Matt ne la suive pas. Elle longea le sentier qui contournait la ferme par l'étang, et passa devant chez les Delamours.
Les Delamours étaient de braves paysans dont la maison située en bord de route abritait au devant un lot de 6 casiers à lapins : 3 on the ground floor, 3 upstairs. Ils vivaient de 2 à 3 par casiers, il y en avait un noir, des blancs et d'autres couleur lièvre avec de grandes oreilles tendues vers le moindre visiteur. Autrefois, Kaja leur donnait des brins d'herbes, des pâquerettes et des bout de bois, des petites cuillères en aluminium et du lait sur une coupelle avec des morceaux de chocolats, et une fois elle les habilla d'un chapeau de poupée avec un élastique noué sous le menton.
Les Delamours avaient tous deux les yeux bleus délavés par l'âge, lui toujours en bleu de travail avec des godillots éclatés, elle en tablier bleu, un fichu sur la tête, les mains toujours dans ses grandes poches, les volets peints en rien du tout, couleur bois brun de drakkar viking des années 1000. Ils étaient gentils.
Un jour, Kaja vit Delamours prendre son lapin préféré, le noir, lui donner un grand coup de gourdin sur la tête, le pendre à la corde à linge par les pattes arrière le dépouiller d'un coup sec.