lundi 19 août 2024

L'Illusion du mal, Piergiorgio Pulixi



" Une idée pris forme dans sa tête : une des règles de base du storytelling était qu'à tout monstre devait correspondre un héros, encore mieux si celui-ci avait des points communs avec son ennemi. Et Strega n'en manquait pas, loin de là"
Piergiorgio Pulixi, dans L'illusion du mal. Chez Gallemeister

Vito Strega est un criminologue (Strega veut dire sorcière en Italien) qui questionne les manquements judiciaires et humains, avec ses collègues Eva Croce (Croce appelle à penser à “l'accroche, être accroché, ou crochet » (en français) » tandis qu'en Italien, cela signifie croix. 
Eva Croce, ancienne élève dite brillante par Vito Strega, a perdu une petite fille et s'en remet comme on ne peut pas : déversées toutes deux, avec l'autre enquêtrice Mara Rais (une figure féminine post-punk habillée en Docks Martens et maquillée comme une voiture, à la punk, est-ce à dire que ces éléments vestimentaires qui déchirent ledit bon goût d'Eva Croce, composants intrinsèques d'un caractère et quelques jurons, un peu rentre dedans (à la bulldozer, quoi), ceci contrastants encore, avec sa mission d'enquêtrice qui lève comme de la pâte à pain, elle aussi est particulièrement douée, (elles ont résolu leur première enquête dans « l'île des âmes »), elle lève donc, comme de la pâte à pain à Cagliari, la capitale de la Sardaigne, au département du placard soit les crimes non élucidés. Et cela va devenir un formidable pied de nez à la magistrature qui les a enfermées là ou l'on pensait qu'elles s'éteindraient dans un département sans avenir (eh non !). Vous savez bien que certaines femmes ont des ressources de folie. 
Ces deux figures féminines font corps à 3 où peut-être à 4, la chatte de Vito Strega faisant partie intégrante de ses comparses féminines, à peu près toutes en émoi sexuel ou professionnel devant tant de grandeur (presque 2 mètres 😜). = presque quelques chapitres après avoir écrit ceci, dans le texte même de Pulixi, se trouvait écrit exactement la même chose. Je jure que je n'ai pas repomper cela. Suite ?
Sans blague, le personnage de Vito Strega est bien intéressant. Il nous livre ses intérêts pour la chasse à l'homme, ce imprégné de ses propres fantômes qui le malaxent au corps.
Il me semble se confondre quelque peu avec l'auteur (qui semble grand lui aussi), et probablement comme pour n'importe qui d'un peu connu trouve-il pléthores adeptes prêtes où prêts à tout pour tout contact charnel et autres entretiens. (Si vous avez déjà tenu un bar vous savez de quoi je parle).
L'île des âmes était un roman que j'ai trouvé très réussi et surtout, le travail de Pulixi m'intéresse beaucoup. J'aime ses chapitres qui sont comme autant d'uppercuts.
Pour l'instant, je n'ai lu que 152 pages sur presque 600. 
Dans l'île des âmes, déjà, je m'étais demandé s'il, si l'auteur n'avait pas de quelques façons que ce soit, des liens manifestes avec la mafia, en tant que descendant par exemple un peu comme cet auteur norvégien, Jo Nesbo, qui réconcilie son paternel nazi (criminel ou pas ?) et sa mère résistante en écrivant des polars (il tue par procuration de ses personnages du coup, une façon d'intégrer bien et mal avec nuances et sans passer à l'acte) = son père anticommuniste s'était aussi “battu sur le front russe”.
Mais je ne sais, juste une intuition latente. 
Je pense d'emblée que ce titre ne sera pas à la hauteur du plaisir que j'ai pris au récit des descriptifs de la Sardaigne dans « L'île des âmes » une si belle surprise. Mais attention, il est, jusqu'ici, tout à fait estimable. 
Car ce titre, ( aparté : qui me rappelle inconséquement mon statut de mortelle littéralement coincée dans une vie que j'aimerais toute différente pour un tas de raisons aussi déprimantes que révoltantes : mais dusse-on se révolter contre soi-même qu'il ne faille trouver par où s'échapper si on convient de laisser de côté les responsabilités déversées sur autrui pour se soulever soi-même par le colbac et tenter l'auto-insurrection : être digne de se trouver responsable à 100% de tout, c'est ma seule option) :
Dans lequel, en effet, nous trouvons là, pour les 3 titres lus (avec le chant des innocents), matière à apprécier les finesses de l'auteur, le parler comme qui dirait, les références aux dialectes, ah oui c'est ce que dit le traducteur, Anatole Pons-Reumaux : « plusieurs parlers régionaux interviennent dans l'illusion du mal, caractérisant les différents personnages et leurs origines : la sarde, le sicilien et le vénitien. Il s'agit d'insultes compréhensibles pour le lecteur italien, que nous avons choisi de traduire pour le lecteur français ». (: je suppute de très bonnes traductions).
Petite digression : le traducteur « a appris l'italien en Irlande, l'anglais à Berlin et le suédois en France avant de s'installer aux Pays-Bas, où il songe parfois à se remettre à l'allemand. » :-) il a également traduit le chant des innocents. Pourquoi ne figure-il pas sur la première de couverture : dommage. J'ai déjà dit à quel point j'aime les éditions Gallmeister, autant les livres brochés que ceux en poche avec une nette préférence pour les poches et non pas pour le prix mais pour la qualité éditoriale du texte et une grande qualité d'impression également.
Bon, on peut dire ici, que le méchant est terrible, et que même si l'on ne peut échapper dans les romans policiers, polars et autres littératures policières, que les immersions dans les actes de torture sont tout à fait vomitives, sous prétexte (pour le méchant et au niveau de lecture ou j'en suis), sous prétexte donc, de justice et de vengeance. (Toujours les résurgences de Millenium pour lectures).

Mon intuition se fend désormais d'une quasi certitude qui soit que les méandres dudit bouquin soient probablement en lien avec des meurtres commis sur la lignée familiale de l'auteur. 
Pourquoi, je pense cela ? Parce que j'ai l'impression que nos goûts se meuvent au travers de moultes tentatives de résolutions des névroses. Mais on s'en fout peut-être (OSEF !). Mais en fait, rien ne le prouve. Et finalement, cela ne nous regarde pas. Évidement pas besoin de cela pour écrire des choses difficiles et évoquer un contexte politique et historique par le biais d'un polar.
On a là une étude du monstre, de la monstruosité humaine que chacun nous pouvons porter quel que soit le côté de la barrière entre êtres humains dignes de Paradis ou D'Enfer. Je pense que ferais sans doute une deuxième partie. Car, je ne peut vous délivrer une réelle vision d'ensemble sur 150 pages. Il s'agit aussi ici du sujet du viol, et également comme le dit l'auteur par le biais d'un des personnages :
« En ITALIE, le meurtre vends plus que le cul ».
Je ne peux que vous inviter à découvrir ou lire cet auteur en ce qui me concerne je lirais toutes ses productions, cela va de soi :

En bref, si vous lisez ce titre, une dimension peut-être plus politique, viendra vous fracasser les gencives.

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