PAGES. Et outes les notes sont de l'auteur. Chez Gallimard, la classe suprême.
Thriller Folio Policier. Pour des raisons différentes, je crains d'être tombée raide dingue de Caryl Férey et de Mc Cash également, le mec infernal...adepte de self-défense à mains nues qui passe dans la rue pendant que les filles s'évanouissent en cordée.
En exergue :
Aux mères et grands-mère de la place de mai, à la mémoire de leur disparus.
Alors, oui, c'est l'histoire de ce pays qui m'avait bien secouée à l'adolescence. Être loin et voir que quelque part ailleurs, dans un pays inconnu, ça se passe TOUT autrement que ce qu'on peut vivre au quotidien. Il parait que Férey travaille en journée continue quand c'est le moment, avec du son. C'est vrai que la rythmique s'en ressent. Le livre, je ne sais pas comment il construit ou déconstruit le récit mais ça me semble très pointu, il emmène.
On se lasse un peu des interviews, enfin moi je ne peux pas en écouter beaucoup, parce que j'aime arriver vierge devant un acte de foi, pas d'influence, pas de résumé, pas de youtubeuse qui "suit" un personnage, pas de contexte, pas de réflexion, j'en ai RAF de savoir que la chute à été décevante, ce que j'aime c'est être portée moi-même, un peu comme quand on baise, est-ce que c'est intéressant de savoir comment lui ou elle est sensé être un bon coup ou pas ? Je n'y crois pas. Je crois à la liberté d'être, je crois à la rencontre avec quelqu'un dont les failles vont s'ouvrir béantes aussi bien dans la sexualité que l'écriture. Et à la rencontre, l'étreinte intime. Donc, on se lasse un peu des interviews qui répètent les mêmes questions des journalistes qui attendent le propos convenu à l'avance qu'on a déjà entendu un milliard de fois, on préférerait autre chose, d'inattendu ? De plus ? Je ne sais pas, en même temps, un auteur donne ce qu'il veut, ce qu'il peut et on ne dit pas à quelqu'un comment il est bon de faire.
Pour moi, Caryl Férey est une étreinte belle et douloureuse. Et ce n'est que le début, j'ai loupé des wagons et des trains trop occupée à gérer un tas de choses qui ne me permettaient plus de lire librement, et même lire ce que je veux ne m'est pas forcément donné facilement.
Libre d'apprécier Mapuche au moment qui était le bon en tout cas.
Caryl Férey aime tout ce qui touche au regard, aux yeux, à la couleur bleue peut-être. Le bleu des yeux, des billes, avec une connaissance pointue de l'âme humaine et de ses circonvolutions. Je le considère comme un curandero. Pas sûr qu'il s'en soit encore rendu compte. Je l'aime. Je ne suis pas consensuelle, hein, faut-il le dire ? Pas alcahuete pour 3 sous, pourvu que ce ne soit pas une question de vie ou de mort. Il a la rage de celui qui veut vivre, qui tape du pied pour remonter à la surface, 1000 fois s'il le faut. Comment ne pas aimer Rúben et Jana ?
Caryl Férey aime bien dire des conneries, rigoler, on le voit dans ses interviews, il a le sketch en manche, ça fait du bien. La question de l'amour semble récurrente dans son oeuvre. S'il n'avait écrit que Mapuche s'en serait déjà une, alors, ne lui faisons pas attraper des chevilles qui explosent jusqu'à mars; on pourrait le comparer, mais il y a interdiction de se comparer, à la dynamique d'écriture de Pierre Lebas. Mon dernier engouement.
Il sait particulièrement bien se fondre pour cette compréhension des autres, attrape les failles, regarde d'un oeil d'aigle, se flingue les méninges pour saisir l'indicible, l'insaisissable, avec lui tu ne peut plus rester dans le goudron, il te balance tout. Tu seras capable de le porter. Il semble avoir un désir constant de bivouaquer avec sa Bête. En vrai, ça donne envie d'être dans le sac à dos, si on a pas trop peur. La Bête m'envâpe grand comme Le Brésil.
_ "Une blonde décolorée souriait sous son maquillage de toucan
_ "J'ai baisé avec des serpents à sonnette pour survivre, lâcha Jana entre ses jolis crocs
_ "Tu as quoi dans le coeur à part des morts ?
_ "Les yeux ronds de Rúben rappelaient ceux du chat en bout de table
_ "Ses yeux noirs dégommaient les étoiles
_ "Leurs regards se croisèrent de nouveau dans l'expectative
_ "Jana sort enfin, en grand, les yeux comme des diamants. Et le monde changea de peau : elle aussi avait l'âme bleue.
_ "La concha de tu hermana !
_ "Son air innocent faisait mal aux dents
_"Les documents top secret liés à la séquestration et à l'assassinat de trente mille disparus avaient été brûlés à l'arrivée de la démocratie (et les éventuelles copies probablement détruites), mais la Marine comme tout les corps d'armée, avait gardé ses archives.
Le livre a été soutenu pas la bourse Stendhal (Le Rouge et le Noir m'ont gonflée à mort), on est bien content pour les écrivains qui ont déjà publié, c'est pas pour des frites, et tant pis si les bourses désole les saints autres écrivains, on ne va pas frôler sur la balle*
On zerve*, avec Caryl, c'est un putain de zigue, plus d'un turcan dans queuss, il te remue La Muette*, c'est un goualleur de rue, aboulez, il n'y a pas seulement de l'étoffe, c'est de la putain de balle. Pour ceux qui aiment le rab, au p'tit poil, La Bête est un Boudha d'Émeraude, z'avez qu'à fouinassez comme moi, il distribue les photos au compte-goutte, mais alors, je les trouve meilleures que celles de Doisneau. Pensez quand-même d'avoir l'coeur à la rigolade, c'est mieux qu'avoir des grenouilles dans l'estomac !
Je les ai à la bonne.
A la revoyure !
*Médire, frôler sur la balle
* crier, pleurer, Zerver
* La conscience, La Muette
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